Qu’est-CE QUE LA DÉNUTRITION ?
La dénutrition représente l’état d’un organisme en déséquilibre nutritionnel ; elle survient lorsque les apports nutritionnels (énergie, protéines et autres nutriments) sont insuffisants pour couvrir les besoins de l’organisme.
Elle se traduit principalement par une perte de poids involontaire et/ou un indice de masse corporelle (IMC) faible.
La dénutrition peut être liée à :
- une diminution des apports alimentaires (par manque d’appétit, difficultés pour s’alimenter…) ;
- une augmentation des besoins en énergie et/ou en protéines (en raison d’une maladie (en particulier maladie chronique, comme un cancer), à la suite d’une chirurgie…) ;
- l’association de ces deux facteurs.
La dénutrition conduit à des effets délétères sur les tissus corporels et aggrave le pronostic des maladies1.

Chez l’adulte, la dénutrition peut concerner des personnes malades, mais également des personnes âgées. Ces dernières présentent généralement une diminution de l’appétit et/ou des difficultés pour s’alimenter.
La dénutrition est fréquente, progressive et fragilise dès les premiers stades. Malheureusement, elle est trop souvent diagnostiquée tardivement. La dénutrition peut être réversible si la prise en charge est précoce et adaptée au patient.
Diagnostiquer la grande majorité des patients dénutris
Le diagnostic précoce de la dénutrition est essentiel pour que le patient soit pris en charge le plus rapidement possible.
Les personnes les plus à risque de dénutrition sont les personnes âgées qui s’alimentent moins, et celles souffrant de pathologies chroniques.
Le repérage des sujets à risque est la première étape du processus de diagnostic.
Il débute par de simples observations que la personne peut réaliser elle-même, ou bien son entourage, ainsi que tous les professionnels de santé* qui l’accompagnent.
*aides-soignants, infirmier(es), kinésithérapeutes, et bien sûr pharmaciens.

Le dépistage visuel donne des indices sur l’état général de la personne. Les signes visibles de la perte de poids peuvent être : des vêtements qui flottent, des bagues/anneaux trop grands, une démarche difficile, des gestes ralentis…
Il est important de compléter ces premières observations en adressant des questions à la personne sur son alimentation : la fréquence et la régularité des repas, les préférences ou les aversions alimentaires, la suppression de certains aliments.
Le contenu du réfrigérateur (réfrigérateur vide, aliments périmés…) ou la pratique d’un régime strict doivent interroger et alerter sur un risque de dénutrition.
Une perte de poids rapide, récente, involontaire et significative constitue, quel que soit l’âge, un critère diagnostique de dénutrition, si elle est :
- ≥ 5% du poids habituel en 1 mois (≥ 10% en 1 mois pour une dénutrition sévère)
- ≥ 10% du poids habituel en 6 mois (≥ 15 % en 6 mois pour une dénutrition sévère)
- ≥ Par ailleurs, chez l’adulte (âgé de moins de 70 ans), une perte de poids de 10% par rapport au poids habituel avant le début de la maladie constitue également un critère diagnostique de dénutrition (≥ 15 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie pour une dénutrition sévère).
Chez l’adulte, une diminution d’au moins 50% des apports alimentaires pendant plus d’une semaine ou une réduction de ces apports pendant plus de deux semaines par rapport à la consommation habituelle constitue également un critère diagnostique de dénutrition.
Les maladies ayant un impact négatif sur la digestion, ou certaines maladies aiguës ou chroniques (cancer) augmentant de façon importante les besoins en protéines et en énergie, sont également prises en compte dans les critères de dénutrition.
L’IMC (Indice de Masse Corporelle)4 se calcule en faisant le rapport entre le poids (en kg) et la taille (en mètre) au carré. Cet indice évalue la corpulence et un excès ou une insuffisance pondérale.
Exemple :
IMC = P/T²
Un homme de 1.80 mètres pesant 70 kilos
IMC = 70kg /(1.80m)²=19.4Pour un adulte, un IMC inférieur à 18.5 kg/m2 est un critère de dénutrition.
- Pour une personne âgée de plus de 70 ans, un IMC inférieur à 21 est un critère de dénutrition5.
Cependant certaines personnes ont un IMC qui a toujours été inférieur à ces valeurs sans être dénutries (personnes maigres constitutionnellement).
Il est donc très important de suivre régulièrement le poids des personnes à risque de dénutrition afin de repérer rapidement toute perte de poids involontaire.
Si des signes évoquant un risque de dénutrition ou la présence d’une dénutrition sont identifiés, il est nécessaire de consulter rapidement un médecin.
Surveillance de l’état nutritionnel
Certaines catégories de personnes sont plus spécifiquement à risque de dénutrition et doivent donc faire l’objet d’une surveillance de leur état nutritionnel. Il s’agit essentiellement des personnes âgées et des malades chroniques.
Pour les personnes âgées à domicile, un dépistage de la dénutrition doit être effectué une fois/an5. La surveillance sera plus fréquente chez les personnes âgées à risque (par exemple en cas de troubles neurologiques, de troubles bucco-dentaires, de dépendance pour certains actes de la vie quotidienne…)5.
- Pour les malades à domicile, il est recommandé de réévaluer à chaque consultation l’état nutritionnel3.
- Pour les patients en institution (EHPAD), le dépistage doit se faire à l’admission puis une fois par mois en institution, et lors de chaque hospitalisation.
Lorsqu’une personne ne mange pas suffisamment et/ou perd du poids involontairement, et/ou est atteinte d’une pathologie qui augmente ses besoins en protéines et en énergie (cancer, …), elle doit en parler à son médecin traitant. Une diminution des apports alimentaires peut être liée à une perte d’appétit, à une modification ou une perte du goût, des difficultés à mâcher ou à avaler, la prise de certains médicaments ou à un régime restrictif.
PRENDRE en charge la dénutrition
La prise en charge de la dénutrition doit débuter préférentiellement par des conseils nutritionnels et/ou l’enrichissement de l’alimentation traditionnelle.
Dans cette situation, pour faciliter les apports alimentaires, plusieurs conseils peuvent être proposés :
- maintenir le nombre de repas (sans en augmenter le volume) et y ajouter des collations, par exemple en milieu de matinée, au goûter ou avant le coucher, afin de favoriser la prise d’aliments ;
- privilégier les aliments riches en protéines et en énergie ;
- veiller à une bonne hydratation en proposant régulièrement des boissons.
En parallèle, il est nécessaire de mettre en place toutes les mesures qui augmenteront les apports alimentaires :
1. Enrichir les plats5
Une perte de poids involontaire doit être rapidement prise en charge ; la première mesure corrective consiste à enrichir les préparations culinaires en protéines et en énergie (en y ajoutant par exemple du lait concentré, du lait en poudre, de la crème, des œufs battus, du fromage râpé, des dés de jambon, ou une poudre de protéine industrielle…).
2. Prendre en compte les difficultés
a) Troubles du goût
Relever le goût des plats5
Le goût peut s’altérer avec l’âge et au cours de certaines pathologies et/ou traitements. Pour pallier cette situation, il est donc recommandé de rehausser le goût des plats avec des épices et des condiments.
Par exemple, les pâtisseries et autres gâteaux sont des aliments alléchants et riches. Ils peuvent donc favoriser l’appétit des personnes qui en ont peu.
b) Troubles de la déglutition
Choisir des mets adaptés aux conditions de chacun6
Certains troubles de la déglutition (fausses routes) ou de la mastication nécessitent d’adapter la texture des aliments, selon les situations :
- Une alimentation hachée : potage avec des petits morceaux, crudités râpées très fin…
- Une alimentation moulinée : quenelle et mousse de poisson, brandade…
- Une alimentation mixée : flan de poisson, purées, compotes…
- Une alimentation mixée semi-liquide : veloutés, bouillons, jus de fruit…
Si la perte de poids n’est pas stoppée ou si elle s’aggrave, il est nécessaire de consulter à nouveau un médecin sans attendre.
En cas d’échec des conseils ou de l’enrichissement de l’alimentation, le médecin pourra prescrire à son malade dénutri un support nutritionnel, pour l’aider à récupérer du poids7,8.
Le mode de prise en charge nutritionnelle choisi par le médecin prendra en compte différents paramètres, comme par exemple :
- La sévérité de la dénutrition (amplitude de la perte de poids).
- La capacité du patient à s’alimenter (apports en protéines et/ou énergie fournis par les repas et les collations).
- La sévérité de la maladie associée.
Une prise en charge nutritionnelle par voie orale sera recommandée en première intention, sous forme de complémentation nutritionnelle orale (CNO), sauf en cas de contre-indication. Ces produits, riches en calories et en protéines permettent de pallier de manière temporaire un apport alimentaire insuffisant9.
Les compléments nutritionnels oraux constituent une offre très large, tant en ce qui concerne leur concentration en protéines et/ou en énergie, que leurs textures (liquide lacté ou fruité, crème…), leurs arômes, …
Ces produits sont prescrits par le médecin, et délivrés en pharmacie.
Une nutrition entérale (NE) par une sonde placée dans l’estomac sera envisagée si la CNO est insuffisante pour aider à la reprise de poids (par exemple lorsque les volumes des repas sont trop faibles), ou lorsque les apports oraux sont contre-indiqués ou impossibles (par exemple en cas de troubles sévères de déglutition).
Une nutrition parentérale, par voie intraveineuse, devrait en principe être réservée à des situations bien spécifiques, comme par exemple une occlusion intestinale. En effet, elle est considérée comme moins physiologique car elle n’utilise pas le tube digestif, qui participe à des fonctions multiples lorsque les nutriments y transitent.
Vous pouvez consulter « le guide nutrition pour les aidants des personnes âgées », rédigé par l’INPES***, qui regroupe de nombreuses informations, conseils et astuces pour accompagner les personnes âgées dénutries au quotidien.
Vous pouvez également consulter le site du collectif de lutte contre la dénutrition pour plus d’informations et de conseils10.
Vous trouverez toute les gammes NUTRICIA Nutrition Clinique de complémentation nutritionnelle orale et de nutrition entérale dans la catégorie Nos produits.
Suivi de la prise en charge
La prise en charge de la dénutrition, quelle que soit la stratégie adoptée, devra faire l’objet d’un accompagnement et d’un suivi régulier, afin d’évaluer si cette prise en charge permet de corriger la dénutrition. Suivant la situation du patient, différents acteurs seront impliqués.
Pour un patient à domicile :
– l’intervention régulière d’aides (aide à domicile, aide-ménagère…) peut se révéler importante pour accompagner le patient au quotidien
;
– le médecin prescripteur devra revoir son patient pour évaluer le bénéfice de sa prise en charge nutritionnelle et adapter cette prise en charge si besoin ;
– par ailleurs, plusieurs structures peuvent venir en appui dans la prise en charge du patient :
- Les réseaux de soins, dont les réseaux gérontologiques
- Les centres communaux d’action sociale (CCAS)
- Les centres locaux d’information et de coordination (CLIC)
- Les services sociaux
Pour la prise en charge financière de ces aides :
- L’allocation personnalisée d’autonomie (APA)
- L’aide sociale départementale
- L’aide des caisses de retraite et certaines mutuelles Vous pouvez consulter « le guide nutrition pour les aidants des personnes âgées », sur le site de Santé Publique France qui regroupe de nombreuses informations, conseils et astuces pour accompagner les personnes âgées dénutries au quotidien.
Vous pouvez consulter « le guide nutrition pour les aidants des personnes âgées », sur le site de Santé Publique France qui regroupe de nombreuses informations, conseils et astuces pour accompagner les personnes âgées dénutries au quotidien.
Références :
1. HAS FFN – Diagnostic de la dénutrition de l’enfant et de l’adulte – Méthode Recommandations pour la pratique clinique – Novembre 2019
2. Melchior JC and Thuillier F. In Traité de Nutrition Artificielle de l’Adulte, 2001, 2nd édition. Ed. Springer
3. Haute Autorité de Santé. Diagnostic de la dénutrition de l’enfant et de l’adulte. Recommandation de bonne pratique. Novembre 2019.
4. IMC : Indice Masse Corporelle, P=poids T=taille
5. Haute Autorité de Santé. Recommandations professionnelles. Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée. Annexe 1 : Modalités d’enrichissement des repas. Avril 2007.
6. INPES. Le guide nutrition pour les aidants des personnes âgées. La santé en mangeant et en bougeant. Septembre 2006.
7. Morley et al. Frailty Consensus: A Call to Action JAMDA 2013;14:392-7
8. Subra et al. Intégrer le concept de fragilité dans la pratique clinique : l’expérience du Gérontopôle à travers la plateforme d’évaluation des fragilités et de prévention de la dépendance. Cah Année Gérontol 2012;4:269-78
9. Guide pratique dénutrition – CNO. Quel nouveau cadre de prescription ? – SFNCM – 2012
10. https://www.luttecontreladenutrition.fr/
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