Qu’est-ce que la fragilité ?
La fragilité est un syndrome clinique. Elle reflète une réduction des aptitudes physiologiques de réserve, entraînant une diminution des capacités d’adaptation au stress (provoqué par une maladie, une chute, une intervention chirurgicale…). La fragilité s’installe progressivement, à la suite de l’apparition et à la superposition de plusieurs facteurs tels que les changements physiologiques liés à l’avancement en âge, le manque d’activité physique, l’insuffisance d’apports alimentaires (particulièrement de protéines), les comorbidités ou encore divers facteurs environnementaux.
La fragilité est un état intermédiaire entre le vieillissement normal et la perte d’autonomie.
Ce syndrome affecte principalement les personnes âgées. En effet, le vieillissement, qu’il soit physiologique (sensoriel, cérébral, cardiaque…) ou pathologique (maladie chronique ou aiguë, troubles de la mémoire…) est un processus qui modifie l’état de santé d’un individu. Cependant, même si le vieillissement prédispose à la fragilité, toutes les personnes âgées ne sont pas nécessairement fragiles.
Pour comprendre un peu mieux la notion de fragilité, dans la population des personnes âgées on distingue :
- Celles qui sont robustes, dont le déclin physiologique lié à l’âge est dit normal et qui vieillissent en bonne santé physique et mentale. Elles représentent 65 à 70% des personnes âgées et ont des besoins de santé équivalents à ceux de la population adulte.
- Celles qui sont fragiles, qui subissent un déclin physiologique plus rapide. Chez ces personnes, à la suite d’un événement traumatique (maladie, chute, décès d’un proche, …) la récupération des capacités antérieures n’est pas totale. Cet état concerne, selon l’âge, de 10 à 25% des sujets (très) âgés.
- Enfin, celles qui sont devenues dépendantes et dont la perte d’autonomie est associée à des handicaps et des complications. Ces personnes ont besoin d’aide pour les gestes du quotidien comme par exemple s’habiller, se laver, s’alimenter, …
En France, grâce à l’amélioration des conditions de vie, de travail, et à la politique de santé qui permet une meilleure prise en charge des maladies, on observe une augmentation de l’espérance de vie. Néanmoins, l’espérance de vie en bonne santé ne progresse plus ; elle a même tendance à régresser. Un des nouveaux objectifs de santé est donc de parvenir à prolonger la durée de vie sans incapacité1.
Le syndrome de fragilité est souvent annonciateur de complications à venir, telles que des chutes, des hospitalisations voire une entrée en institution. Malgré tout, l’état de fragilité qui précède la dépendance est potentiellement réversible. La prise en charge des déterminants de la fragilité est donc primordiale pour pouvoir retarder la survenue de la dépendance, et préserver le plus longtemps la meilleure qualité de vie possible.
Signes et symptômes
La fragilité n’est pas une maladie ; elle ne se « voit » pas. Son expression clinique est modulée par les comorbidités et des facteurs psychologiques, sociaux, économiques et comportementaux1. Elle peut donc être repérée au travers de signes multiples, non spécifiques, évoqués par le patient ou son entourage.
Parmi les signes évocateurs de risque de fragilité on peut citer l’apparition récente de difficultés fonctionnelles (perte de force, baisse de l’ouïe ou de la vue, perte de mémoire, sensation d’épuisement, …), une réduction de l’appétit (pouvant entraîner une perte de poids, voire une dénutrition qui accélère la perte de force), une baisse de l’activité physique (marche), une polymédication, un isolement social, …
S’ajoutent à ces signes, des pathologies chroniques (hypertension artérielle, diabète, anémie, ostéoporose, troubles cognitifs, état dépressif…) pouvant aggraver cette fragilité2.
repérage et diagnostic
Le repérage de la fragilité
Le repérage rapide de la fragilité permet de prédire le risque de perte d’autonomie, de dépendance, de chutes, d’entrée en EPHAD, de décès et d’hospitalisation des personnes âgées de 65 ans ou plus2.
Il permet en effet de mieux prendre en charge des déterminants de la fragilité, variables d’une personne à une autre, ce qui peut en réduire ou en retarder ses conséquences. Car il faut souligner que la réversibilité de la fragilité est rarement spontanée et nécessite le plus souvent des interventions spécifiques et adaptées à chaque cas.
Cependant, ce repérage est difficile, car il nécessite de rechercher chez une personne tous les déterminants de sa fragilité potentielle (décrits précédemment). Le repérage se fait auprès des personnes âgées de plus de 70 ans, indemnes de maladie grave, sans dépendance avérée. Il peut être réalisé par le médecin traitant ou par un autre soignant de premier recours : infirmière, pharmacien, kinésithérapeute, aide-soignante, etc2.
La détection de la fragilité chez les personnes âgées en médecine générale s’inscrit pleinement dans les missions du médecin traitant. Cette action doit se dérouler au fil de la prise en charge, en étant toujours à l’affût, par l’utilisation des outils médicaux classiques que sont l’interrogatoire, l’observation, l’examen clinique2.
A l’heure actuelle, plusieurs questionnaires sont à disposition des professionnels de santé pour aider à repérer rapidement la fragilité en soins primaires.
Le diagnostic de la fragilité
Lorsqu’un médecin repère des signes évocateurs de fragilité chez une personne âgée, celle-ci sera adressée dans un service spécialisé à l’hôpital pour une évaluation de l’ensemble des facteurs potentiellement impliqués dans le développement de cette fragilité : les comorbidités, l’environnement social et économique… dans le but de conduire à des interventions adaptées à chaque situation.
Supports nutritionnels
La fragilité : « un état … potentiellement réversible »
La fragilité est un état dynamique, dont l’évolution spontanée (si rien n’est fait) va conduire progressivement à la dépendance de la personne. Cependant, cette évolution est potentiellement réversible si des interventions adaptées sont mises en place à la suite de l’évaluation réalisée en centre hospitalier.
Il s’agit d’interventions « multi domaines », pouvant porter (selon les cas) sur :
- l’activité physique adaptée et la lutte contre la sédentarité ;
- la nutrition ;
- la réduction de la polymédication et l’optimisation des traitements ;
- la mise en place d’aides sociales, l’adaptation de l’environnement et la mobilisation des liens sociaux…
Le cas des personnes âgées fragiles et dénutries
L’état nutritionnel des personnes âgées fragiles est souvent dégradé : une étude menée en France a mis en évidence que 43% d’entre elles étaient à risque de dénutrition ou déjà dénutries au moment du diagnostic de fragilité3.
Or la présence d’une dénutrition chez ces personnes aggrave leur pronostic. Face à une personne dénutrie, le professionnel de santé devra déterminer les causes de cette dénutrition et les prendre en charge si possible. Il devra en parallèle la corriger, selon les modalités décrites dans la partie « dénutrition ».
Références :
1. Santé Publique France. Programme « bien vieillir » https://www.santepubliquefrance.fr/la-sante-a-tout-age/la-sante-a-tout-age/bien-vieillir
2. Dr Gilles Albrand « LA FRAGILITÉ DES PERSONNES ÂGÉES ET SA DÉTECTION EN MÉDECINE GÉNÉRALE » – LE GENERALISTE 19 avril 2019
3. Subra J. et al. Cah Année Gérontol 2012;4:269-78
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